Alors...

Journal de bord d'un Auvergnat de 22 ans expédié au pays des glaçons pour étudier les cailloux... du moins en théorie.

mardi 25 août 2015

Le cantal le plus septentrional

Aujourd'hui était la journée la plus chaude de l'année (environ 16°C) et quand j'ai vu le soleil je me suis dit que j'irai bien sur l'île de Viðey (non mais rendez-vous compte: 16 putains de degrés!). Mais puisque c'était l'anniversaire de la fille de ma proprio j'ai fais un gâteau de Savoie ce matin, puis j'ai trainé, j'ai roulé sur mon lit en jouant à la console, puis j'ai mangé, puis j'ai regardé les bus et c'était duuuur pour aller à Viðey (qui est une île... par seize degrés! Non mais allô! Genre il fait comme 1000!). Puis le temps s'est gâté...




Bref! Au final je suis parti pour la gare routière de Mjódd à 20 bonnes minutes à pied de chez moi où j'ai pris le bus 12 conduit par une belle blonde. Je lui demande 9 tickets de bus (je sais qu'ils les vendent que par 1 ou 9...) et là c'était un barbu blond aux beaux cheveux qui me répond en islandais un truc du genre "euh... örfezjbfjhffkj, fzihzffi... eihiold?" Ce qui après que je lui réponde que je maîtrisais pas assez pour comprendre la réponse, signifiati qu'il n'en avait plus. (Non mais imaginez! Vous prenez 1 degré, puis la vous resssentez la chaleur d'un deuxième, puis trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze, douze, treize, quatorze, quinze et on arrive jusqu'à SEIZEUH!) Bah! Il m'en restait un. (Ticket de bus pas de degré!)


J'ai attendu devant cette plage de rêve!

Avant l'île, parlons du bus (ou "Strætó" en börk-börk). Ici beaucoup de choses sont un peu plus avancées il faut le reconnaître, mais le bus est décrit par les islandais comme vieillissant, ringard, pour les pauvres et les sans-permis (car Reykjavík est la ville avec le plus de voitures par habitant, environ un pour 1.6 personnes... n'oubliez pas que les islandais aussi ont des enfants.)
En fait le bus est tout à fait normal, un peu abimé parfois (genre tags etc...) mais toujours propre. C'est un peu les bus de nos lignes normales ou secondaires. Ils sont très ponctuels mais peu fréquent (toutes les 15, 30 ou 60 min suivant le jour ou la ligne) et surtout c'est très mal expliqué. Même les locaux se perdent quand ils doivent improviser. 




Je m'explique:

-Il n'y a pas les noms des arrêts sur les arrêts.
-Les plans ne montrent jamais les lignes, mais fait un joli dessins de tous les parcours où passent les bus, et ceci de la même couleur, et en général sans le nom des arrêts.
-Sur les descriptifs des lignes aux arrêts, il n'y a pas toujours tous les arrêts desservis de marqués.
-Un arrêt de bus n'a pas toujours l'équivalent inverse en face dans la rue, il peut être derrière une palissade dans le sens inverse de la marche, ou pire, parfois au même arrêt sans qu'on le sache, il faut le deviner (exemple à l'arrêt IKEA qui fait les deux sens en fait.)
-Les arrêts qui abritent, sont en métal souvent fort abîmés, mais hé! ils font leur boulot!


Bref c'est parfois galère, d'autant que le bus est très cher et qu'il est boudé, donc ça aide pas à améliorer leur système. En revanche, chose que je trouve admirable, il n'y a pas de fraude possible et cela au moindre investissement.

Chez nous on prend un ticket où on veut, on monte, on passe devant le chauffeur on composte sur une boîte électronique et dans la masse on peut ne pas composter. Ici on passe devant le chauffeur, il a une boîte ou on met son petit ticket prédécoupé ou alors les 400ISK en pièces, et on passe. On passe un par un par une demi porte alors pas le choix. C'est pas plus long qu'ailleurs. Pour les abonnements, les cartes se montrent avant de monter, je sais pas s'il y a des contrôleurs pour les fraudes de cartes. Ca doit bien exister une fausse carte non?


En clair, leur système de bus est compliqué, assez fiable, mais globalement normal. Sauf leur application smartphone qui est super bien et qui permet même d'acheter un ticket directement par smartphone. Il suffit de montrer l'écran. Pour trouver comment aller d'un point A à un point B il est super fort ce truc. Il montre plusieurs combinaisons avec différents bus ou arrêts (et par contre n'hésite pas à proposer des bus dans le passé, mais ça se comprend vite)

Allez on part pour Viðey!


C'est là bas avec la maison.

En allant au bus (20min), il faisait froid et gris, puis le soleil est sorti alors j'ai eu chaud, puis il a plu des cordes mais sous le soleil, puis ça s'est couvert, puis ça s'est arrêté de pleuvoir et ça a continuer de tourner. Quand je suis arrivé au bus il faisait grand soleil...

C'est là que je me rend compte que c'est en fait très grand...

Viðey est une île inhabitée au nord de la capitale accessible par bateau pour 1100 ISK (7,50€), alors je suis arrivé quand il partait donc j'ai attendu une heure sous un vent à décorner les boeufs. Dans le quartier du vieux port, ça fleure bon la mort grâce à une usine de produits de la mer, mais c'est passager. Par contre il y a une invasion de ces espèces d'oies sauvages qui chient partout c'est affolant. Heureusement qu'elles sont pas méchantes. (Le chemin pour aller au bateau est miné.)

Après une heure d'attente, le bâteau part pour une traversée de bien 2min (oui c'est à genre 500m ou 1000m) et là enfin j'arrive sur cette île. Ni une ni deux je me presse pour faire TOUTE l'île grâce au plan fourni dans le bateau. Je pars directement sur la partie ouest.



L'Ouest

L'île est en deux morceaux, c'est le caillou le plus vieux du pays car il est issu d'une érpution d'il y a 2 millions d'années (donc c'est géologiquement tout neuf), il y a donc un peu plus de terre qu'ailleurs sur cette île et une plante appellée "carvi" pousse ici, alors beaucoup de gens venait récupérer les petites graines avec leurs enfants. On s'en sert pour parfumer l'alcool local mais aussi soit disant pour faire une sorte de pain... en fait je sais pas ce qu'ils en font. Ce n'est qu'avant de partir que j'ai trouvé quelle plante ils arrachaient et que je l'ai sentie et goûtée. C'est vraiment bien, c'est un peu comme la menthe. Sauf que ça pousse pas en Islande sinon.


C'est un peu vide quand même.

Cette île n'est pas qu'un caillou de la taille de Monaco (1.6km²) il a presque son éco-système! Il y a un ruisseau (alors d'où vient l'eau?) et même deux étendues d'eau douce appellées plutôt "mares" qui se trouvent en plus à l'endroit le plus étroit de l'île. (C'est logique non?) Le point culminant est à 32m quand même! Bon alors à l'ouest c'est vide, voir un peu déprimant, il y a des colonnes de basaltes par deux qui sont une oeuvre d'art. Un poteau fait 3m, l'autre en fait 4 et ils font des binômes de poteaux, et tous culminent à 13m d'altitude, alors certains sont plus ou moins écartés de leur binôme. C'est marqué que c'est ça la beauté de l'art minimaliste: pas de symétrie, pas de régularité, de la sobriété, des mathématiques et de la nature. Mais il y a aussi une sorte de monument, parce qu'en 1944, un bateau canadien qui est venu nous aider au débarquement est venu s'échouer ici, le temps qu'un beateau vienne les aider avec un village entier, 15 des 151 membres sont morts. 





De mon côté j'ai fait ma balade dans l'herbe (et faut pas sortir des sentiers battus... c'est plein de trous... de GROS trous!) et j'ai fini sur la plage à regarder ce que la mer rejettais: des bouts de bois, des coquillages, un tricot, des oursins bouffés, des pattes de crabes etc... j'avais assez faim alors je me suis dit que c'était idéal pour manger mon sandwich pain noir, cantal ramené du pays, pesto, jambon, salade. Puis mon skyr au melon, fruit de la passion, puis des oreos. Avant d'attaquer l'est qui est plus grand.
Le cantal le plus septentrional!




L'Est

L'est je l'ai commencé par le sentier le plus septentrional est vraiment un sentier, genre une trace sous l'herbe ponctuée de poteaux en bois qui montrent que c'est bien le sentier. J'ai passé une bonne demi-heure avant de sortir de ça et d'attérir à l'ancien réservoir d'eau de l'île qui servait à ravitailler les bateaux, maintenant il est devenu une salle des fêtes, ya une balançoire et des toilettes.




Puis j'ai un peu continué et je me suis retrouvé parmi plein de fondations avec des panneaux. Et c'est un peu triste j'ai trouvé car c'est tout un village du début du XXème qui a disparu. Commencé vers 1908 pour la pêche et rasé dans les années 1940. Seule l'école est restée à l'abandon jusqu'en 1990 où la ville à décidé de la reprendre en main. On peut rentrer dedans, c'est étrange, d'un coup il n'y a plus ce vent omniprésent et il fait chaud. Il n'y a pourtant personne, juste des tables et des chaises, l'orgue de l'ancienne église, des toilettes, un coin cuisine et des photos avec leur explications.
L'école.



Le point culminant!

Je suis là depuis 3h et je veux prendre le bateau de 17h30 alors je presse le pas et me retrouve 45 min en avance à la maison devant le "port". Cette maison est la plus vielle maison d'Islande, et la première faite en pierre. Elle est du XVIIIème et un type important vivait ici. Il est enterré ici d'ailleurs, à côté de sa petite église. Depuis Viðey était devenu une île pour les diplomates importants, elle a même été achetée pendant un siècle. Elle a été le siège de l'imprimerie des journaux, et de pas mal de choses. Au XIXème ce sont les personnes importantes qui y vivent puis arrêtent progressivement pour laisser place à des pêcheurs itinérants, puis à l'établissement du village. Depuis les années 1940 cette île est inhabitée mais souvent visitée car très proche de la ville et quasi vierge. Bon quand j'y suis allé j'ai croisé personne, on devait être 10 ou 20 sur l'île.


Le village de Sundbakki.


En attendant le bateau je vais donc manger des gaufres dans le resto à l'interieur de ce bâtiment. C'est très très cher évidemment, mais leur gaufres, leur confiote et leur chantilly maison font qu'on peut pas regretter les 950ISK (6,47€)




Bon, cette île est mignonne comme tout mais un peu tristoune je trouve. Mais c'est paisible et par beau temps ça doit être super. En tout cas j'y retournerai bien pour aller faire une récolte de ces graines.


L'érosion donne l'impréssion que ces colonnes de basaltes sont des galets déposés...




Allez, les choses en vrac:

_J'ai vu un vrai corbeau... non non pas une corneille comme ce qu'on voit en France, un corbeau c'est une corneille de la taille d'une oie! Ah quand même!

_Dans mon bouquin il est dit que les gens peuvent rôter à table sans que personne s'exclame ni que la personne en question ne s'excuse. Après un repas de famille je confirme. Je trouve que c'est une bonne chose.

_Faut que je me procure cet ustensile bizarre pour couper des tranches parfaites de fromage, c'est top pour les sandwichs.

_Il n'y a pas "vraiment" de mot islandais pour "Pamplemousse".

_Mon niveau d'islandais est tel que je vais emprunter le livre de la fille de cinq ans qui s'appelle "mes premiers mots" avec tout les objets du quotidien dedans. 

_J'ai eu une trace de passage de tröll! (dans le folklore islandais c'en est une)

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